Développer la bio dans les PNR : premières pistes de travail

Dans le cadre d’une convention de partenariat signée lors du Salon de l’Agriculture 2022, la FNAB et la Fédération des PNR de France ont mené une année de webinaires afin d’identifier des pistes de développement de l’agriculture biologique dans les Parcs Naturels Régionaux. Quatre thématiques principales ont été identifiées, dont les conclusions principales sont résumées ci-dessous.

Objectifs, plans et coopérations bio dans les PNR

Le premier axe de développement est celui de la formalisation d’objectifs, d’outils de planification et de coopération dans les PNR. Trois exemples l’illustrent :

  • Le Parc du Pilat s’était fixé pour objectif de passer de 10 à 40% ds surfaces en bio sur son territoire sur la durée de sa charte (2025). Aujourd’hui, 35% des fermes et 20% des surfaces sont en bio. Le contexte économique a été favorable avec un soutien de SODIAAL en lien avec l’ARDAB (GAB local) pour la réalisation d’études de potentiel. Le PNR n’a pas joué un rôle direct de pilote, mais d’accompagnement et de stimulation.
PNR Pilat bio
PNR Seine Normande Bio
  • Le Parc des Boucles de la Seine normande, partant en 2008 de 0,6% de surfaces en bio, s’est fixé un objectif de 6 % durant la durée de sa charte (objectif fixé par le conseil scientifique du Parc et supérieur au Grenelle qui le fixait à 4%).
  • Le Parc de l’Avesnois s’était fixé au travers de la charte de passer 6 de à 30% d’ici 2025 d’agriculture bio sur son territoire. Si l’objectif n’a pas été exactement atteint à ce jour (15 % aujourd’hui) une dynamique s’est enclenchée avec un vrai projet de territoire, grâce à la mise en oeuvre d’un plan bio et 4 ETP dédiés sur le territoire au projet agricole.
PNR Avesnois

Des objectifs chiffrés ambitieux dans la charte donnent un cap motivant au développement de la bio dans les parcs. Un contexte économique favorable au moment de la révision (acteur économique local moteur, marché en hausse, soutien de l’Etat) vient conforter le projet d’autant plus si un ou plusieurs élus sont motivés. Un travail de sensibilisation antérieur via, par exemple, des plans de développement durable et des contrats territoriaux d’exploitation, facilite les conversions et la réalisation des objectifs.

Chacun des trois Parcs était dans le dispositif “eau et bio” (aujourd’hui territoires bio) porté par la FNAB, ce qui a aussi facilité la gouvernance, la mobilisation d’outils adéquats et de financements conséquents. Dans le cas de l’Avesnois, l’apport de l’Agence de l’eau a été prépondérant. Trois programmes sur l’agriculture y sont complémentaires : Plan bio, Plan bocage et Plan alimentaire territorial.

D’autres Parcs se sont plus récemment fixés des objectifs ambitieux dans leur nouvelle charte. Le PNR de Chartreuse s’est donné pour ambition de passer de 3 à 20% d’exploitations en bio : la volonté politique devra pallier le manqué d’intérêt d’une partie des agriculteurs pour la bio, qui considèrent leurs pratiques extensives comme déjà suffisamment vertueuses.

Développement de filières bio de territoires

Avesnois haies

Dans les PNR, de nombreuses filières très diverses ont le soutien des agents du Parc. Cet accompagnement est différent de l’apport technique d’une Chambre d’Agriculture : il porte  souvent  sur la mise en réseau des acteurs du territoire autour d’une filière. Le Parc peut aussi participer à la communication autour de filières nouvelles ou bien accompagner au changement de pratiques notamment via l’outil que représente la marque Valeurs Parc naturel régional.

Dans un contexte global de crises successives, la restructuration de filières agricoles et alimentaires vertueuses sur les territoires est apparue comme essentielle. Or, les filières bio ne bénéficient pas toujours des infrastructures des filières conventionnelles et ont donc souvent un moindre impact en termes de structuration sur le territoire Un accompagnement à l’émergence et à la pérennisation de ces filières bénéfiques pour le territoire à la fois économiquement, socialement et environnementalement est donc nécessaire.  Les PNR ainsi que les GAB sont des acteurs privilégiés pour fédérer les acteurs autour de tels projets.

Une implication de l’ensemble des acteurs de la filière depuis les producteurs jusqu’aux distributeurs, voir aux consommateurs, est nécessaire pour parvenir à l’adéquation entre offre et demande. Une fois initiées, pour que ces filières soient opérationnelles, les transformateurs doivent être formés à l’utilisation des nouveaux produits proposés par les producteurs (par exemple les variétés anciennes de blés pour les boulangers) et un travail de sensibilisation des consommateurs doit être effectué concernant le juste prix des produits commercialisés dans les filières bio territorialisées. 

Dans une perspective de régionalisation des filières, il est nécessaire de prendre en compte la répartition géographique des acteurs et infrastructures de l’ensemble des maillons de la filière afin que celle-ci soit opérationnelle et viable dans le temps. L’exemple de la restauration collective montre qu’il est possible de construire des filières permettant de sécuriser économiquement les producteurs, de satisfaire les exigences logistiques et de qualité de la demande d’initier un changement d’échelle de la filière par la contractualisation notamment des achats.

Stratégies de différenciation des pratiques agricoles

Les stratégies de différenciation telles que la labellisation constituent un levier puissant pour distinguer et donc valoriser les produits issus de l’agroécologie auprès du consommateur. L’obtention d’un meilleur prix est souvent nécessaire pour compenser des rendements moindres par rapports aux systèmes conventionnels.

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Les Parcs naturels régionaux ont développé la marque collective « Valeurs Parc naturel régional », afin de valoriser les démarches qui participent au développement durable des territoires. Cette marque représente aujourd’hui plus de 2000 bénéficiaires, dont 22% d’agriculteurs. L’aspect territorial y occupe une place importante puisque chaque Parc adapte le cahier des charges au territoire à partir du référentiel national.

Fondé sur l’interdiction de l’utilisation de produits de synthèse, le label Agriculture biologique (AB) est une référence en matière de labellisation environnementale, reconnu par les scientifiques et bien identifié par les consommateurs. Lancé en 2022, le label FNAB vise à aller plus loin en accompagnant la progression des fermes bio sur des questions sociales et biodiversité qui ne sont à ce jour pas couverts par la réglementation bio européenne.

LABEL FNAB BIO FRANCE

Les Parcs mobilisent la marque Valeurs Parc et le label bio européen actuel de façon complémentaire. La marque peut constituer un premier pas pour engager l’agriculteur dans une démarche de progrès, pouvant évoluer vers une conversion au bio. A l’inverse, certains Parcs choisissent de faire du bio un prérequis pour entrer dans la marque, afin d’agir sur les enjeux environnementaux du territoire (par exemple, la préservation de prairies), de simplifier la vérification des critères environnementaux (par exemple, le calculs d’IFT) ou encore de rassurer le consommateur. Le choix du prérequis bio dépend notamment de la maturité de la filière sur le territoire, car l’objectif est de pouvoir travailler avec un maximum d’agriculteurs du territoire et de ne pas exclure des agriculteurs non-bio qui pourraient avoir des pratiques intéressantes. La même question se pose pour le rapprochement entre marque Parc et label FNAB (expérimentation en cours dans le PNR de Brière).

De leur côté, les agriculteurs bio peuvent hésiter à entrer dans la marque si elle n’impose pas de prérequis bio, par crainte de servir de caution environnementale. Cependant, certains Parcs constatent une demande croissante de la part d’agriculteurs bio pour être marqués, notamment pour bénéficier de la reconnaissance territoriale et du réseau d’acteurs du Parc. Certains Parcs facilitent ainsi l’entrée dans la marque pour les bio, et le PNR Loire Anjou Touraine réfléchit ainsi à la valorisation de produits marqués Valeur PNR ET bio, par exemple à travers un niveau supérieur dans la marque.

Les labels bio & FNAB et la marque Parc constituent ainsi des démarches complémentaires, permettant de croiser l’exigence environnementale reconnue du label AB et a fortiori du label FNAB et l’ancrage territorial de la marque Valeurs Parc.

Alimentation bio dans les PNR

L’alimentation est devenue un des champs de coopération les plus dynamiques entre GAB et PNR. Le PNR joue le plus souvent un rôle de chef d’orchestre des actions alimentation, qu’il porte un PAT ou qu’il intervienne dans l’articulation entre plusieurs PAT de son territoire. Le GAB peut alors apporter une expertise technique sur les aspects agroéconomiques (planification, logistique, animation de groupes de producteurs, montage de filière, etc.) mais aussi au sein des établissements de restauration collective (formation des personnels, diagnostics, etc.). La coopération GAB-PNR légitime le GAB auprès des collectivités (communes notamment) du territoire, tout en apportant l’expertise technique nécessaire au PNR.

Alimentation Bio

Les difficultés principales concernant le développement de l’agriculture biologique en restauration collective sont :  le coût/bénéfice pour les agriculteurs d’approvisionner la restauration collective plutôt que d’autres débouchés, la logistique et la mise en lien d’acteurs très différents (agriculteurs, cuisiniers, etc.), le manque de volonté politique, qui reste in fine entre les mains des communes, et la concurrence de l’offre des sociétés de restauration collective privées.

Les pistes de travail pour avancer concernent globalement la poursuite des actions dans les établissements de restauration collective (formation des personnels et diagnostic de cuisine); l’accompagnement des collectivités dans leur stratégie agricole et alimentaire, et la structuration de l’approvisionnement (via des plateformes ou commissions dédiées, et la formation des producteurs). Les PNR et les GAB/GRAB sont également très intéressés par les actions concernant l’accessibilité de l’alimentation (bio), mais elles restent peu nombreuses pour l’instant, en dehors des défis FAAP. La plupart des actions sont portées par d’autres structures, telles que des associations citoyennes.

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