Grand Poitiers

Découvrez l’expérience du territoire de la Communauté urbaine du Grand Poitiers en route vers la bio

Carte d'identité du territoire

Logo Grand PoitiersLa Communauté Urbaine de Grand Poitiers, située dans le département de la Vienne (86) en région Nouvelle-Aquitaine, regroupe 40 communes, soit un peu moins de 200 000 habitants.

Aires d’alimentation de captage

carte Grand PoitiersGrand Poitiers assure l’alimentation en eau potable de 13 de ces 40 communes, soit 50 000 abonnés ou 143 000 habitants.

Parmi les ressources en eau utilisées, plusieurs sont vulnérables aux pollutions diffuses. Elles sont dites « prioritaires », ce qui implique la nécessité de la mise en place d’actions.Ainsi, la collectivité porte à l’échelle des aires d’alimentations des captages sensibles aux pollutions diffuses la démarche régionale Re-Sources depuis 2009 qui se traduit opérationnellement par la mise en œuvre et l’animation d’un plan d’action adossé à un contrat territorial. La Région Nouvelle-Aquitaine et l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne accompagnent financièrement cette mise en œuvre.

2 programmes d’action sont mis en place sur les Aires d’Alimentation des Captages de :

  • Fleury (eau souterraine)
    • depuis 2009
    • 2 communes concernées
    • 26,5 km² dont 89 % de SAU, soit 50 agriculteurs
  • la Varenne (eau superficielle)
    • depuis 2022
    • 115 communes concernées
    • 2109 km² dont 84 % de SAU, soit 1900 agriculteurs

PCAET et PAT

La collectivité porte également un Plan Climat Air Energie Territorial. Le PAT est l’outil opérationnel pour répondre au volet « agriculture et alimentation » du PCAET.

Entre 2019 et 2021, Grand Poitiers et les Communautés de communes du Haut-Poitou et des Vallées du Clain (collectivités adjacentes) ont animé une démarche de mise en réseau des acteurs de l’agriculture et de l’alimentation. Cette démarche visait à favoriser la co-construction et la mise en œuvre partagée d’un Projet Alimentaire Territorial (PAT) pour la période 2022-2026. Le périmètre de ce PAT recouvre 83 communes et concerne 263 870 habitants.

Le PAT concerne 30 % de la SAU du département de la Vienne et 3,5 % de la SAU de la région Nouvelle-Aquitaine. L’agriculture qui y est pratiquée est très majoritairement consacrée aux grandes cultures : céréales à paille (blé tendre et orge), maïs (grain et ensilage) et oléagineux (colza et tournesol), au détriment de l’élevage (vaches allaitantes, caprins, ovins et vaches laitières…) qui tend à diminuer. Les cultures légumières représentent moins de 1 % des terres agricoles cultivées sur le territoire. Les fruits sont également très peu présents. C’est l’enjeu du PAT : relocaliser des productions agricoles nourricières sur le territoire.

En complément de ces démarches, en cherchant à développer et à conforter les filières alimentaires locales et les circuits courts, le PAT offre de nouveaux débouchés pour les agriculteurs qui s’engagent à respecter la ressource en eau.

Actions mises en œuvre

Accompagnement du changement des pratiques agricoles

Les agriculteurs se situant sur les Aires d’Alimentation des Captages sont accompagnés aux changements de pratiques dans le cadre des programmes d’actions mis en place.

Les programmes d’actions visent 3 axes de travail :

Favoriser et pérenniser les pratiques et systèmes agricoles durables favorables à la protection de la ressource en eau (accompagnement vers une couverture des sols optimale, diversifier les cultures et allonger les rotations, raisonner la stratégie de travail du sol, …),

Mobiliser et engager l’ensemble des acteurs dans la transition agroécologique et favoriser les synergies afin d’accompagner durablement les changements de pratiques à l’échelle du territoire (accompagner le développement de filière à bas niveau d’impact, développer les labellisations environnementales, …),

Aménager et gérer durablement les espaces naturels et urbains afin de réguler les ravageurs, protéger les zones sensibles et limiter les transferts (développer les infrastructures agroécologiques, stratégie foncière, …).

Plus spécifiquement sur l’Agriculture Biologique, nous travaillons en partenariat avec la Fédération Régionale d’Agriculture Biologique qui propose des essais et journées thématiques aux agriculteurs.

Une animation collective est proposée par Bio Nouvelle-Aquitaine :

  • Information sur l’agriculture biologique,
  • Expérimentations sur la fertilisation organique de sol, l’approche carbone, la résilience des systèmes
  • Création d’un groupe sur les associations de cultures » qui se réunit tous les trimestres entre agriculteurs bio et en conversion,
  • Journées de transferts de techniques entre agriculteurs biologiques et conventionnels

Cet accompagnement collectif est complété par de la possibilité d’accompagnement individuel à la conversion :

  • Diagnostic de conversion bio : visite de l’exploitation et entretien avec le producteur à l’aide d’un questionnaire spécifique pour définir son projet de conversion et évaluer la faisabilité technique de sa conversion (atouts, contraintes) par rapport aux cahiers des charges AB, des contraintes de l’exploitation et des débouchés. La restitution de ce diagnostic permettra de répondre aux interrogations spécifiques du producteur, de lever les freins et d’échanger sur la suite à donner (simulations économiques).
  • Simulation technico-économique : réalisation d’une simulation individuelle proposant un système de production en bio prenant en compte les spécificités de chaque exploitation (ex : type de sol, projet du producteur, …). Cette simulation proposera au minimum :
    • Un assolement, des rotations adaptées
    • Une évaluation des volumes produits en bio/an
    • Une évaluation des aides envisageables et des investissements à prévoir
    • Un prévisionnel des résultats économiques sur 5 ans (ex : EBE, marges, résultat d’exercice…)
  • Formation agronomie : souhait de mettre en place des formations obligatoire auprès des lycées agricoles et agriculteurs des territoires à enjeu eau.

Expérimentations autour des couverts végétaux

Un travail sur la valorisation des couverts végétaux est mené en partenariat avec les organismes professionnels agricoles locaux auprès des agriculteurs. L’objectif est de sensibiliser les agriculteurs sur l’implantation et la destruction des couverts végétaux de façon mécanique, afin d’obtenir une couverture de sols quasi-permanente.

Les thèmes abordés sont la composition des mélanges, le choix des espèces adaptées à la rotation, les semis précoces dès la récolte précédente, la valorisation économique (notamment, pour l’élevage – production de fourrage), l’intérêt pour la structuration des sols, la gestion de l’azote organique et minéral, etc.

L’agriculteur bénéficie de semences adaptées et d’un accompagnement technique sur une parcelle avec la réalisation de reliquat azoté entrée hiver et sortie hiver et la réalisation de pesée de biomasse avec la méthode MERCI.

Mise à disposition de matériel

Dans le cadre des programmes Re-Sources de reconquête de la qualité de la ressource en eau des captages d’eau potable de la Varenne et de Fleury, Grand Poitiers souhaite accompagner le développement des pratiques favorables et durables pour la ressource en eau, par la mise à disposition de matériels auprès des CUMA du territoire concerné. Cette action est menée en partenariat avec la FCUMA 86.

L’objectif est que les agriculteurs aient la possibilité de tester du matériel avant d’envisager un investissement en collectif ou individuel. Le matériel envisagé répond aux thématiques suivantes : Semis et destruction des couverts végétaux (semoir SD et rouleau FACA), et désherbage mécanique (herse étrille, bineuse).

Le matériel peut être utilisé par l’ensemble des agriculteurs présents sur les aires d’alimentation de captages de Grand Poitiers. Une grille de priorisation est mise en place en cas de forte demande. Les locations et l’accompagnement sont entièrement pris en charge par la collectivité. Une convention d’engagement est établie entre la CUMA, le fournisseur et Grand Poitiers. L’assurance de l’outil, l’entretien courant (graissage notamment), les réparations ponctuelles, les changements éventuels des pièces sont à la charge de la CUMA et/ agriculteur. La CUMA s’engage sur un nombre d’hectares potentiel à réaliser par thématique.

Structuration des débouchés

Grand Poitiers accompagne le développement de deux filières locales à bas niveau d’impact, sur ces territoires à enjeu eau :

Le chanvre :

Depuis 2021, Grand Poitiers porte un projet de développement de la filière chanvre dans la Vienne, de sa production à son utilisation, en partenariat avec l’association régionale Chanvre Nouvelle-Aquitaine et la Région Nouvelle-Aquitaine et le soutien financier de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. Le chanvre est une plante d’avenir, peu gourmande en eau, qui ne nécessite pas de traitement, améliore la structure des sols et garantit le maintien des revenus des agriculteurs.

Ses avantages, à la fois écologiques et économiques, ont permis à Grand Poitiers d’engager, avec une dizaine d’agriculteurs volontaires, la culture du chanvre sur l’aire d’alimentation du captage de la Varenne. Favorable à la qualité de l’eau, la culture du chanvre permet de protéger les captages en eau potable dégradés par des pollutions diffuses aux nitrates et aux pesticides. Les agriculteurs du groupe signent un cahier des charges interdisant l’usage de pesticides à partir de la récolte de la culture précédente jusqu’à la récolte du chanvre.

En 2023, ce sont 23 hectares qui ont été cultivés. En septembre, près de 35 tonnes de paille et 6,7 tonnes de graines ont été récoltés. Toute la plante peut ensuite être valorisée : la paille sert à isoler les bâtiments alors que les graines sont transformées en huile, broyées en farine ou consommées entières ou décortiquées. Pour accompagner le développement de cette filière, Grand Poitiers a organisé des journées de formation à destination des acteurs du bâtiment et édité un livre de recettes pour la restauration collective, assorti d’ateliers de cuisine.

Le miscanthus :

Depuis 2021, Grand Poitiers souhaite développer la culture du miscanthus sur ces territoires Re-Sources pour une protection durable de la ressource en eau et une valorisation économique par la proposition de débouchées sur l’énergie, le paillage horticole et en litière animale.

Dans ce cadre, une étude menée conjointement avec Eaux de Vienne a été réalisée en 2018 à l’échelle des AAC du département de la Vienne, sur la filière de production de biomasses (miscanthus et taillis à courte et très courte rotation –TCR/TTCR). Le rapport de synthèse a permis de mettre en avant la culture du miscanthus comme étant l’espèce la plus adaptée au mode de travail agricole, au contexte pédoclimatique local, répondant aux enjeux de la qualité de l’eau et ayant des débouchés locaux. Elle présente de nombreux avantages permettant de répondre à l’enjeu de la qualité de l’eau (nitrates, pesticides). Il s’agit d’une culture pérenne (cycle cultural de 15 ans), avec un fort pouvoir couvrant limitant le transfert des polluants au captage et nécessitant peu ou pas d’intrants. Toutefois, l’étude met en exergue la nécessité de trouver des filières locales de contractualisation, notamment auprès des collectivités, pour garantir un revenu stable aux producteurs.

En complément, Grand Poitiers a lancé une étude de faisabilité technico-économique et de dimensionnement du projet permettant la mise en œuvre opérationnelle d’une filière miscanthus sur le territoire. L’étude, toujours en cours, a pour objectif d’évaluer la faisabilité technique et économique du projet et de définir les paramètres techniques, logistiques, économiques, organisationnels et juridiques permettant la mise en œuvre du projet dans des conditions environnementales et économiques satisfaisantes tant pour la collectivité et que pour les agriculteurs concernés (scénario gagnant-gagnant).

Depuis 2023, 26 ha de miscanthus ont été financés et accompagnés techniquement sur les zones à enjeu eau de Grand Poitiers. Possibilité pour l’agriculteur d’autoconsommer la production sur l’exploitation à 100 % et/ou de la revendre à NOVABIOM ou autres acheteurs (possibilité Grand Poitiers après 2023).

Un contrat est établi avec l’agriculteur, NOVABIOM, et Grand Poitiers.

De plus, un certain nombre de filières existent déjà sur le territoire : coopératives et négoces (OCEALIA, CORAB, NEOLIS, TERRENA, COC, etc.) Ces opérateurs sont partenaires de la démarche Re-Sources, mais ce partenariat sera renforcé puisqu’il est prévu, dans le cadre des contrats territoriaux, d’étudier avec eux le potentiel de développement des cultures à bas niveau d’intrant (prairies, luzerne, lupin, soja, pois d’hiver, féverole, lin…) à une échelle inter-bassins.

Des essais sont prévus durant la durée des contrats pour mettre en valeur ces cultures à bas niveau d’intrants et avoir des données sur le territoire. Une synthèse annuelle sur les opportunités de développement de filières techniques et économiques sera diffusée auprès des agriculteurs des aires d’alimentation des captages de Grand Poitiers.

Éléments financiers

Montant prévisionnel des CT

Les contrats territoriaux concernant les Aires d’Alimentation des Captages de Fleury et de la Varenne sont soutenus par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne et la Région Nouvelle Aquitaine.

Facteurs de réussite

  • La pluralité des acteurs impliqués : la diversité des démarches entreprises implique de mettre autour de sujets liés beaucoup partenaires différents et ainsi de créer des liens
  • La complémentarité des démarches entreprises par une même structure et la volonté de travailler en transversalité au sein de la collectivité : liens entre énergie, alimentation, nature et biodiversité et protection des ressources en eau : diversité de compétences : légitimité
  • Un portage politique fort de nos élus

Difficultés rencontrées

  • Territoires vastes, beaucoup de synergies restent à créer
  • Difficulté de prise en compte des enjeux eau dans les filières de qualité (rémunératrices pour les producteurs). Et accompagner le développement massif des filières à bas niveau d’impact avec les partenaires et filières existantes (échelle)
  • Recherche de moyens techniques et financiers pour accompagner le développement des pratiques favorables à la qualité de l’eau de manière pérenne sur le territoire.

Contacts

Lydie Blanchet, Animatrice Agricole – Grand Poitiers – 07 87 70 51 39

Juliette Rebrassé, Animatrice Générale pour la protection des captages – Grand Poitiers – 05 49 58 55 91

Ceci peut aussi vous intéresser

Grand Poitiers

Découvrez l’expérience du territoire de la Communauté urbaine du Grand Poitiers en route vers la bio

Restez informé·e !

La newsletter mensuelle « Territoires bio » rassemble chaque mois de nouvelles actualités, outils et retours d’expériences de collectivités locales engagées.

Veuillez renseigner votre adresse e-mail pour vous abonner à la newsletter.

Inscrivez-vous a notre newsletter !