Territoires Bio Pilotes : la parole à Yannick Nadesan (Rennes Métropole)

Témoignage d’élu | Avec son objectif de « devenir un territoire zéro pesticides de synthèse en 2030 », Rennes Métropole mène une politique volontariste en lien avec tous les acteurs agricoles du territoire.

Présentez-vous, vos mandats au sein de Rennes Métropole, votre "origine professionnelle"

Né à Rennes, je suis fils d’une laborantine de l’hôpital public et d’un ouvrier immigré. J’exerce la profession de sociologue urbaniste parallèlement à mes engagements politiques.

Elu depuis 2008 à Rennes, j’ai notamment été président d’Eau du Bassin Rennais de 2014 à 2020 et j’en suis aujourd’hui le vice-président en charge du programme Terres de Sources (cf. ci-dessous) et de la protection des captages de Rennes Métropole. Je suis également adjoint à la maire de Rennes délégué à la santé et conseiller métropolitain membre du bureau délégué à l’agriculture et l’alimentation.

Président des groupes communistes à la Ville et à la Métropole je promeus une écologie qui s’adresse à toutes et tous, qui passe par des réponses économiques viables, est indissociable du progrès social et ne renonce pas aux changements de systèmes.

Quels sont vos objectifs, vos ambitions en matière de transition agricole et alimentaire sur votre territoire ?

Nous souhaitons notamment engager 100% du patrimoine foncier de la métropole en bio et atteindre 50% de la SAU en bio.

L’objectif affirmé dès le début du mandat de « devenir un territoire zéro pesticides de synthèse en 2030 » nous conduit bien sûr à mener une politique volontariste, mais concertée avec l’ensemble des acteurs agricole du territoire. Par exemple, nous avons notamment travaillé en 2021 avec notre GAB Agrobio 35 pour établir un « scénario bio » ambitieux mais réaliste de développement et de diversification des filières bio sur la Métropole, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

Ces réflexions ont nourri notre stratégie « Pour une agriculture et une alimentation durable  » (PAT de Rennes Métropole adopté en 2022), qui comporte 17 objectifs dont ceux de rester un territoire majoritairement agricole (55% du territoire), d’engager 100% du patrimoine foncier de la métropole en bio et d’atteindre la moitié de la SAU en bio (16% aujourd’hui, et 19 % des exploitations), d’aller vers une majorité de produits bio et locaux dans les restaurations publiques municipales…

Aujourd’hui, les crises économique, climatique et celles de nombreuses filières bio renforcent la nécessité d’accompagner cette transition agricole et de viser l’accès de tous à une alimentation durable et de qualité.

Comment se traduisent concrètement ces ambitions dans les documents de politiques publiques (délibérations, textes cadres, divers outils de planification) ?

 La concertation avec les acteurs agricoles s’est poursuivie pour élaborer notre Plan d’action 2023-2027 « Agir sur toute la chaîne alimentaire » adopté en septembre 2023, et des conventions de partenariat pour le mettre en œuvre ont été passées avec la Chambre d’agriculture, Agrobio 35, le CIVAM Installation-Transmission, Solidarité paysans…

La 2ème orientation agricole de ce plan d’action est « un plan bio pour le maintien et l’installation » avec 11 actions identifiées, dont par exemple des soutiens à l’installation en bio, des études de développement des filières bio, l’accompagnement des actions des communes pour la bio (restauration collective…) ou la communication sur la bio…

Par ailleurs, la démarche collective « Terres de sources« , initiée par la Collectivité Eau du Bassin Rennais, développe un label et des filières locales pour valoriser et mieux rémunérer les agriculteurs qui protègent l’eau. Basée sur un diagnostic global de durabilité (IDEA), cette démarche exige des changements systémiques des pratiques des exploitations agricoles conventionnelles adhérentes, particulièrement sur la réduction des pesticides, mais elle est aussi ouverte aux agriculteurs bio (ils représentent 70% des 130 agriculteurs labellisés à ce stade) pour reconnaitre leur engagement et développer leurs marchés locaux.

La transition agricole et alimentaire durable se retrouve aussi dans la révision du SCoT, dans le PLUi, dans le Programme Local de l'Habitat, et dans le PCAET.

La transition agricole et alimentaire durable se retrouve aussi dans la révision du SCoT avec une meilleure prise en compte des sols, de leurs qualités et potentialités ; dans le PLUi qui doit traduire l’objectif ZAN (zéro artificialisation nette) par une trajectoire ambitieuse de sobriété foncière et de renouvellement urbain ; dans le Programme Local de l’Habitat qui identifie l’enjeu du logement des agriculteurs et des salariés agricoles dans une métropole au marché immobilier en tension ; dans le PCAET dont la révision qui s’engage devrait renforcer l’ambition de réduction de GES du secteur agricole et mieux préparer son adaptation au changement climatique, tout en préservant la ressource en eau.

Décrivez 3 actions phare/emblématiques que vous portez en faveur du développement de l'agriculture biologique sur votre territoire

Actions sur le foncier de Rennes Métropole

  • Installations de nouveaux agriculteurs bio
    • réalisé en 2023 = attribution d’une douzaine d’ha à une installation en lait bio + installation de 2 maraîchers sur 4 ha
    • à venir en 2024 = installation de 2 maraîchers sur 7 ha + lancement d’un appel à manifestation d’intérêt pour des installations en circuits courts bio sur 23 ha
  • Inventaire du foncier métropolitain et mise en place de baux ruraux à clauses environnementale (BRCE) « zéro pesticides » sur les terres loués et d’obligation réelles environnementales (ORE) Bio sur les terres vendues par la Métropole.

Actions pour l’installation-transmission en bio

  • Aide à l’installation en bio sous forme de prêt d’honneur (à taux zéro)
  • Soutien au dispositif de parrainage des nouveaux installés par des « paysans formateurs » d’Agrobio 35 (maîtrise des pratiques)
  • Étude « maintien des terres bio en bio lors de la transmission », et pistes d’action pour limiter les déconversions

Développement de l’approvisionnement bio local dans la restauration collective

  • Ateliers d’échanges et de formation des cuisiniers
  • Cercle « appro-bio » organisé par la ville de Rennes et Agrobio 35 : rencontres des producteurs et artisans bio locaux avec les acheteurs et le responsable de la cuisine centrale
  • Soutien à la création d’une conserverie végétale portées par des producteurs bio

Qu'est-ce qui a motivé votre adhésion au réseau des Territoires Bio Pilotes ? Qu'est ce que cela vous apporte ? Quelles sont vos attentes ?

  • Découvrir les expériences et les actions de territoires pionniers, partager des bonnes pratiques, des réussites et des échecs,
  • Échanger avec des acteurs engagés dans une transition agricole réelle, se connaitre entre élus et techniciens, « faire réseau » dans la convivialité,
  • Développer des arguments, des plaidoyers, donner de la visibilité à nos actions et peser sur les politiques nationales et européennes, contribuer à une approche très offensive pour le développement de la bio qui prend en compte les réalités complexes de l’ensemble de l’agriculture et du système économique qui lui est lié… pour à la fois agir concrètement de manière immédiate et peser pour des changements systémiques.

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