En Hauts-de-France, une étude pour mieux comprendre l'emploi dans les fermes bio
En 2018, Bio en Hauts-de-France s’est lancée dans une étude sur l’emploi en agriculture biologique dans le cadre de l’Observatoire Régional de l’Agriculture biologique (ORAB) des Hauts-de-France.
La progression de la part des exploitations bio dans l’agriculture nationale amène en effet à penser que les emplois générés par l’AB pèseront de manière significative sur l’économie nationale dans les années à venir.
- D’une part, d’étayer les statistiques nationales (INRA,AGRESTE) qui dénombrent en moyenne 2,4 unités de travail annuel (UTA) par ferme bio contre 1,5 dans les fermes conventionnelles ;
- D’autre part, de mieux appréhender, dès aujourd’hui, les problématiques et solutions liées à l’emploi en agriculture. Si les fermes bio créent plus d’emplois, qu’en est-il en Hauts-de-France ? Et de quels emplois parle-t-on ? Comment ce sujet de l’emploi est-il appréhendé par les producteurs et productrices bio et quelles problématiques soulève-t-il ?
La bio créée plus d’emplois, pourquoi ?
Les résultats de l’enquête régionale confirment les chiffres nationaux. Dans les Hauts-de-France, l’agriculture génère plus de 91 000 emplois sur les exploitations (source : Chambre d’agriculture HDF 2016). L’agriculture biologique représente, quant à elle, environ 6,2 % de ces emplois agricoles pour seulement 1,8 % de la surface agricole utile (SAU) régionale (source : ORAB 2018). Dit autrement, on dénombre 1 emploi direct pour 8,2ha en agriculture bio contre 1 emploi direct pour 22ha pour le reste de l’agriculture régionale.
Certains systèmes de production, une fois convertis en agriculture biologique, demandent en effet des besoins en main-d’œuvre assez importants dus à une augmentation du temps de travail (besoins en désherbage manuel, rotation des cultures…). Sur d’autres systèmes, le passage au bio est synonyme de sécurisation économique et de stabilité, permettant ainsi d’envisager l’embauche comme un gain en qualité de vie pour le ou la producteur-trice.
En région, ce sont les systèmes fruitiers, la viticulture (présente uniquement dans le Sud de l’Aisne), les grandes cultures (notamment par l’introduction de légumes de plein champ dans les assolements) et la polyculture élevage qui génèrent le plus d’emplois
De quels emplois parle-t-on ?
En Hauts-de-France, 1 producteur-rice bio sur 3 de la région cherche à embaucher des salarié-e-s, permanent-e-s et occasionnel-le-s. Ce sont majoritairement des postes d’ouvriers polyvalents qui sont à pourvoir.
Actuellement les emplois créés en agriculture biologique répondent à un besoin en main-d’oeuvre saisonnière. Pour autant, le besoin en main-d’oeuvre permanente est réel puisque la plupart des producteur-trice-s rencontré-e-s feraient appel à un-e salarié-e permanent-e si toutes les conditions étaient réunies pour embaucher.
Des freins à l’embauche persistent
Malgré cette dynamique de création d’emplois, beaucoup de producteurs et productrices font face à des freins à l’embauche. Qu’ils soient d’ordres financiers, administratifs ou relationnels, ces freins empêchent une majorité de producteur-trice-s de répondre à leurs besoins en main-d’oeuvre.
Parmi ces freins, deux d’entre eux semblent plus particulièrement peser sur les exploitations régionales :
- Les compétences nécessaires à l’accueil de salarié-e-s : car employer demande des compétences bien spécifiques que ce soit à travers les démarches administratives, la connaissance de la réglementation ou bien l’aspect relationnel, le management des équipes. Ainsi, nombreux sont les producteurs et productrices qui ne se sentent pas assez armé-e-s pour assumer ce statut d’employeur.
- Les difficultés à trouver des candidats qui conviennent à leurs besoins : car, à titre d’exemple, l’AB est très peu présente au sein des formations agricoles régionales et les formations bio existantes sont principalement orientées vers l’installation (au travers notamment du BPREA) alors même qu’il existe un réel besoin en personnel qualifié et polyvalent.
Alors que les besoins en main-d’oeuvre qualifiée vont aller grandissant, plusieurs solutions existent pour lever ces freins et nécessitent une mobilisation des acteurs à l’échelle des territoires !
Il s’agit d’anticiper ces mutations via une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriales, en mobilisant les acteurs de la formation, les organismes de l’emploi, les acteurs des filières et, bien sûr, les producteur-trice-s du territoire.