Terre de Liens

Terre de Liens est né en 2003 de la convergence de plusieurs mouvements liant l’éducation populaire, l’agriculture biologique et biodynamique, la finance éthique, l’économie solidaire et le développement rural.

Pour permettre à des citoyens et des paysans de se mobiliser et d’agir sur le terrain, le mouvement a inventé de nouveaux outils de travail capables d’enrayer la disparition des terres et de faciliter l’accès au foncier agricole pour de nouvelles installations paysannes. Ces outils sont à la portée de tous, de sorte que chacun puisse s’impliquer de façon effective dans l’avenir de nos fermes et de notre agriculture.

L’originalité de Terre de Liens vient d’une triple articulation :

– Un réseau associatif mobilisé partout en France : il accueille et accompagne les paysans pour leur accès à la terre, informe et rassemble le public autour des enjeux fonciers et agricoles, et ancre le projet Terre de Liens dans une dynamique citoyenne et locale.
– La Foncière, entreprise d’investissement solidaire ouverte aux citoyens, permet à chacun de placer son épargne dans un projet à haute valeur sociale et écologique. Le capital accumulé sert à acheter des fermes pour y implanter des activités agri-rurales diversifiées. La Foncière loue ces fermes à des paysans engagés dans une agriculture de proximité, biologique et à taille humaine.
– La Fondation, reconnue d’utilité publique, est habilitée à recevoir des legs et donations de fermes. Elle achète aussi des terres qui risquent de perdre leur usage agricole. Dans tous les cas, la Fondation garantit sur ces terres des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement à très long terme. Terre de Liens participe ainsi à la relève agricole et facilite la transmission intergénérationnelle en installant de nouveaux paysans.

C’est cette action combinée qui permet :
– d’acquérir des terres agricoles et éviter ainsi leur disparition
– d’en assurer la préservation à long terme par un usage écologique et responsable
– de mettre ces terres en location à des agriculteurs, pour une production biologique ou paysanne
– de partager le fruit de ces expériences avec tous les acteurs intéressés
– d’inventer de nouvelles réponses à la crise du foncier agricole et de réunir citoyens, décideurs et acteurs agricoles autour de ces perspectives

 

Interview de DAMIEN ROUMET, Coordinateur “Territoires et Collectivités” à Terre de Liens

Pouvez-vous nous présenter l’association Terre de Liens ?

Terre de Liens est un mouvement citoyen qui s’attache à la préservation des terres agricoles et à leur accès pour le développement de projets agricoles respectueux des ressources et enracinés dans les territoires. L’originalité de notre mouvement est d’avoir développé des structures financières qui permettent de répondre concrètement à ces enjeux par l’acquisition de fermes. Ainsi, la Foncière mobilise l’épargne citoyenne et la Fondation reçoit dons, donations ou subventions d’investissement. Par l’hybridation de ces ressources ce sont plus de 180 fermes pour 4000 hectares qui ont été acquises par le mouvement. Elles ne changeront pas d’usage et les activités agricoles accueillies préserverons les ressources sur le très long terme par leur mise à bail rural environnemental. Enfin, tout cela est possible par l’animation territoriale mené par le réseau des associations Terre de Liens qui accueillent et accompagnent les candidats, cédants ou collectivités dans leurs différents projets et en ouvrant en grand la “boîte foncière” en formant les citoyens qui s’engagent à nos côtés.

En quoi les enjeux fonciers sont-ils liés aux enjeux de la transition agricole ?

Ils le sont directement ! Sans terre disponible comment accueillir les activités agricoles ? Or la ressource foncière s’amenuise drastiquement depuis plusieurs dizaines d’années concomitamment aux phénomènes de concentration ! Pour la transition agricole, toutes les surfaces seront nécessaires et nous devons a minima enrayer leur bétonisation si nous souhaitons maintenir notre souveraineté alimentaire ! N’oublions pas également que plusieurs millions d’hectares changeront de main dans les années à venir par l’effet mécanique de la pyramide des âges. Quelles seront leur destination ? un réservoir pour l’urbanisation ou pour l’avènement de fermes industrielles toujours plus grande ? Nous sommes convaincu qu’il existe des alternatives pour ces terres et éviter le scénario du pire. Le prisme foncier est donc primordial à adopter si nous souhaitons engager la transition.

Quels sont les outils fonciers dont disposent les collectivités locales pour favoriser la transition agricole de leurs territoires ?

Ils sont multiples, variés et nombreux ! Des documents d’urbanismes aux politiques fiscales, de l’observation fine et continue du territoire à l’acquisition, en passant par la mise en place de conventions de portage avec la SAFER .. les collectivités ont une palette d’outils à leur disposition pour se saisir du foncier comme levier dans leurs politiques agricoles et alimentaires ! Pour autant, il est souvent difficile d’identifier l’ensemble de ces moyens et de savoir comment les mobiliser efficacement et les mettre en cohérence dans une stratégie de long cours.

Artificialisation des terres, étalement urbain, pratiques agricoles défavorables, développement de sociétés foncières spéculatives… Un récent rapport parlementaire sonne l’alarme sur l’état et la gestion des sols en France. Comment retourner la situation ?

Avant tout, soyons conscient que la France à la chance d’avoir développé des outils de régulation qui ralentissent ces phénomènes. bon nombre de nos partenaires européens jalousent ces outils et en premier lieu l’existence des Safer. Mais comme vous l’indiquez, tout cela reste insuffisant pour répondre aux nouvelles menaces qui pèsent sur les terres agricoles. C’est pourquoi nous avons travaillé à la formulation de propositions concrètes avec nos partenaires d’Agter qui constituent notre plaidoyer commun pour “Préserver et partager la terre”. Nous espérons aujourd’hui que le gouvernement se saisira de ce rapport et de nos propositions pour une loi foncière qui permette de répondre à l’ensemble des menaces qui pèsent sur la terre agricole.

Avec le BASIC et la FNAB, vous avez développé un nouvel outil sous forme de “convertisseur alimentaire”. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’un site web (parcel-app.org), simple et didactique qui permet à chacun d’identifier les effets de notre alimentation en terme d’empreinte foncière, d’impact sur le climat ou d’effets sur la préservation de la ressource en eau ou de la biodiversité.

Le Convertisseur PARCEL – Pour une Alimentation Résiliente Citoyenne te Locale – permet ainsi d’identifier les effets de variations sur 3 des principaux paramètres qui définissent la durabilité de notre alimentation : la part de produits bio, celle de produits locaux et la composition de notre assiette (avec plusieurs types de régimes plus ou moins carnés).

Des informations qui sont à haute valeur ajoutée dans les débats qui animent la société et les territoire autour de la nécessaire transition de nos systèmes agricoles !

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